Omarthrose

Définition

L’arthrose est une pathologie dégénérative de l’articulation qui se traduit par une usure progressive du cartilage articulaire. Elle peut être primaire (sans cause), ou secondaire, c’est à dire résultant d’un fonctionnement non physiologique de l’articulation.

Arthrose de l’épaule

Présentation clinique

L’arthrose de l’épaule s’appelle l’omarthrose. Il s’agit d’une pathologie extrêmement fréquente dans la population âgée, mais qui peut être retrouvée chez des sujets plus jeunes. Elle est alors volontiers secondaire. Dans le cas de l’omarthrose, c’est le cartilage de la tête de l’humérus et de la partie articulaire de l’omoplate (la glène), qui est atteint. Contrairement à l’arthrose du genou ou de la hanche, elle est souvent asymptomatique. Cela est lié au fait que l’épaule est une articulation non portante. Ainsi, elle est souvent de découverte fortuite à l’occasion d’un bilan radiographique réalisé pour une autre raison. Lorsqu’elle est symptomatique, elle entraîne généralement la présence de douleurs, et une limitation des amplitudes articulaires, plus ou moins handicapantes.

Diagnostic

Le diagnostic d’arthrose est avant tout radiologique. La découverte d’une arthrose peut donc se faire de manière fortuite à l’occasion d’un bilan radiographique, ou lorsqu’un bilan est prescrit devant l’existence de douleurs et ou d’une raideur chronique de l’épaule.

Deux types d’arthrose : Omarthrose centrée - Omarthrose excentrée

Radiographie d’uneépaule normale

Radiographie d’uneomarthrose dite centrée

Radiographie d’uneépaule dite excentrée

L’épaule est une articulation complexe dont la stabilité et le fonctionnement dépendent en grande partie de la « coiffe des rotateurs » (tendons de l’épaule).
L’origine de l’arthrose peut être multiple :
- post-traumatique (après fracture),
- nécrose (l’os est mal vascularisé entrainant une souffrance cartilagineuse),
- instabilité chronique,
- primitive.
L’arthrose peut également être liée à un déficit chronique de fonctionnement de la coiffe des rotateurs. Majoritairement, il s’agit d’une rupture ancienne et étendue des tendons de la coiffe des rotateurs. L’absence de participation de la coiffe des rotateurs à la mobilisation de l’épaule entraîne un fonctionnement non physiologique de l’articulation se traduisant à terme par une perte des rapports anatomiques normaux entre l’humérus et l’omoplate. L’évolution se fait progressivement vers une excentration supérieure de la tête humérale responsable d’un type d’arthrose particulier appelée omarthrose excentrée.

Traitement

Lorsque l’omarthrose est symptomatique, il convient de mettre en place un traitement. Celui-ci est médical en premier lieu. Après avoir éliminé les autres causes de douleurs et/ ou de raideur d’épaule, un traitement médical est mis en place. Celui-ci consiste en la prise d’antalgiques et éventuellement d’anti-inflammatoires. Des séances de rééducation peuvent également être mises en place afin de récupérer de la mobilité. En cas d’échec ou de résultat insuffisant, le traitement chirurgical est discuté. Pour l’arthrose d’épaule, le traitement consiste en la mise en place d’une prothèse d’épaule.

Bilan pré opératoire

Arthrose de l’épaule

Outre un bilan radiographique standard de l’épaule, un bilan complémentaire est nécessaire. En effet les radiographies seules ne sont pas suffisantes pour déterminer si la qualité osseuse et l’anatomie de l’épaule arthrosique sont adaptées à la mise en place d’une prothèse d’épaule. Ainsi, il sera nécessaire de faire réaliser au minimum un scanner de l’épaule. Si un arthroscanner ou une IRM est déjà réalisé, aucun bilan complémentaire n’est nécessaire. S’il existe un doute sur la qualité de la coiffe des rotateurs, le bilan complémentaire sera alors plutôt une IRM ou un arthroscanner. En fonction des résultats du bilan et du type d’arthrose, le type de prothèse à implanter sera choisi.

Principe de l’arthroplastie

L’objectif de la mise en place d’une prothèse d’épaule (arthoplastie) est multiple : diminuer ou faire disparaître les douleurs, et redonner de la mobilité. La technique consiste à remplacer les surfaces articulaires endommagées et douloureuses, par des implants prothétiques. En fonction du type d’arthrose présenté, la prothèse pourra être :
- totale anatomique.
- totale inversée.
- humérale simple. Nb : « totale » signifie que les deux surfaces articulaires de l’articulation sont prothésées.

Schéma d’une prothèse totaleanatomique en place

Schéma d’une prothèse totaleanatomique sans tige

Prothèse d’épaule inversée

Dans la prothèse humérale simple, seul l’humérus est prothésé

Prothèse totale anatomique :
Le but de cette prothèse est de redonner un aspect et un fonctionnement le plus proche du fonctionnement et de l’anatomie normale de l’épaule. Elle est indiquée principalement dans les omarthroses centrées, c’est-à-dire lorsque les tendons de la coiffe des rotateurs sont de bonne qualité, et lorsque la qualité osseuse de la glène (partie articulaire de l’omoplate), permet l’implantation de l’implant glénoïdien.

Prothèse totale inversée :
Ce type de prothèse est mis en place dans les omarthroses excentrées, ou dans les cas où la coiffe des rotateurs n’est plus fonctionnelle. Le terme d’ « inversée » signifie que la forme sphérique de l’humérus et l’aspect concave de la glène sont inversés. C’est à dire que la surface humérale devient concave, et la glène devient hémisphérique. L’objectif de cette inversion de l’anatomie est d’entraîner un effet levier palliant au déficit des tendons de la coiffe des rotateurs.Ce type d’implant est donc mécaniquement contraint de par son fonctionnement, ce qui lui donne une durée de vie inférieure aux autres types de prothèses. Par conséquent, il est à implanter le plus tard possible.

Prothèse humérale simple :
Seul l’humérus est prothésé. La surface articulaire glénoïdienne ne reçoit pas d’implant. Ce type de procédure est indiquée dans les nécroses, les arthroses du sujet jeune, les arthroses post-traumatiques, ou lorsque l’état osseux glénoïdien n’est pas compatible avec son resurfaçage.

Intervention

© OrthoIllustrated

Exemple de mise en place d’une prothèse totale anatomique

Elle se fait au bloc opératoire, sous anesthésie générale, souvent associée à une anesthésie loco-régionale permettant le contrôle des douleurs post opératoires. Il s’agit d’une chirurgie à « ciel ouvert », c’est à dire nécessitant une voie d’abord permettant de mettre la prothèse dans l’articulation. Un drain est mis en place à la fin de l’intervention afin de diminuer le risque d’hématome post opératoire. L’hospitalisation dure généralement entre 2 et 7 jours.

Convalescence

Une écharpe coude au corps est à conserver pendant 1 mois, mais la rééducation est débutée le lendemain de l’intervention. Habituellement, le retour se fait à domicile, sauf quand celui-ci est impossible. À partir de la fin du premier mois post opératoire, l’écharpe est retirée et la rééducation est intensifiée afin de récupérer les amplitudes articulaires passives et actives. À partir de cette période, le patient va pouvoir redevenir complètement autonome, re conduire, etc...
La période de convalescence dure entre 3 et 6 mois.

Résultat

Radiographie d’une prothèse totale anatomique sans tige

L’objectif est avant tout de traiter les douleurs. Néanmoins, dans un certain nombre de cas, le patient peut récupérer des amplitudes articulaires normales ou proches de la normale. Le résultat final d’une prothèse d’épaule dépendra en définitive de différents facteurs pré opératoires :
- l’étiologie (origine) de l’arthrose,
- l’état de la coiffe des rotateurs,
- les destructions osseuses.
La rééducation post-opératoire aura également une certaine importance. Dans les cas où tous les éléments de bon pronostic sont réunis, le résultat de la prothèse d’épaule peut se rapprocher de la normalité. Dans les cas les plus défavorables, les amplitudes resteront limitées et pourront ne pas dépasser l’horizontale.

Risques

Comme toute intervention chirurgicale, la mise en place d’une prothèse totale d’épaule comporte des risques, raison pour laquelle le traitement médical est indiqué en premier lieu. Le risque principal et le plus redouté est la survenue d’une infection. Ce risque peut être estimé à environ 1%, et concerne plus souvent des patients aux antécédents médicaux lourds. Les autres complications décrites sont beaucoup plus rares : nerveuses, vasculaires, fractures, algodystrophie.

Conclusion

L’arthrose de l’épaule est fréquente, mais ne nécessite que rarement la mise en place d’une prothèse. Celle-ci n’est indiquée qu’en cas d’échec du traitement médical. Les progrès réalisés dans la conception des implants, ont permis d’augmenter la durée de vie des implants de manière significative. Néanmoins, l’accroissement de l’espérance de vie fait que l’usure des implants pourra nécessiter un changement prothétique 10 à 20 ans après son implantation.