Spondylolisthésis
La fiche d’information ci-après a été élaborée par la Société Française de Chirurgie du Rachis (SFCR).

Qu’est ce qu’un spondylolisthésis ?

Il s’agit du glissement d’une vertèbre vers l’avant. Ce glissement est plus ou moins important (4 stades) pouvant à l’extrême entrainer une « chute » de la vertèbre dans le bassin (spondyloptose).

Radiographie d’un spondylolisthésis adulte

Quelle est la cause ?

Les 3 causes les plus fréquentes sont : - Le spondylolisthésis isthmique, dû à une spondylolyse, qui correspond à la fracture d’une partie de la vertèbre (isthme), séparant la vertèbre en deux parties, une partie arrière restant solidaire de la vertèbre du dessous, une partie avant qui glisse. La fracture ne se produit pas lors d’un seul traumatisme mais il s’agit d’une « fracture de fatigue » correspondant à la répétition de contraintes excessives sur l’isthme. C’est pour cette raison que cette lésion s’observe plus fréquemment chez les sportifs pratiquant des activités comportant des hyperlordoses (bas du dos très creusé) importantes. Il s’agit d’une lésion fréquente (8% de la population), le plus souvent bien tolérée. - Le spondylolisthésis dégénératif, le glissement se produisant en raison de l’arthrose qui « disloque » les articulations derrière les vertèbres et de l’usure du disque. - Le spondylolisthésis dysplasique, d’origine congénitale, secondaire à une malformation de la dernière vertèbre lombare dont une partie (l’isthme) est anormalement allongée.

Comment se manifeste-t-il ?
Le spondylolisthésis est le plus souvent bien toléré, même chez les sportifs. Il peut cependant être à l’origine :
- De lombalgies (douleurs du bas du dos) surtout en rapport avec l’instabilité (mouvements anormaux) des vertèbres.

- De sciatiques (douleurs selon un trajet précis le long de la jambe) dûes à la compression d’une des racines du nerf sciatique par le déplacement de la vertèbre.

La découverte d’un spondylolisthésis n’est donc habituellement pas une contre-indication à la pratique du sport de loisirs. La pratique d’un sport « à risque » (gymnastique, plongeon, haltérophilie, saut en Fosbury) à haut niveau doit cependant être discutée.

Comment fait-on le diagnostic ?

A l’examen du patient, en décelant un dénivelé au niveau du bas du dos, ou en constatant une rétraction anormale de certains muscles situés derrière la cuisse (ischiojambiers). Sur les radiographies surtout. Le scanner peur avoir un intérêt pour déceler une spondylolyse peu évoluée. L’IRM peut permettre d’éliminer une autre lésion associée et d’apprécier l’état des disques adjacents.

Quelle est l’évolution ?

Un spondylolisthésis reste généralement stable, après la fin de la croissance où le glissement peut s’aggraver, notamment en raison de l’usure du disque qui est le siège du glissement. Le pronostic neurologique est habituellement bon, les complications (paralysies des racines du nerf sciatique, syndrome de la queue de cheval) sont rares, et ne surviennent que sur des spondylolisthésis évolués.

Quels sont les traitements possibles ?

Le traitement débute toujours par un traitement médical : médicaments antalgiques, anti-inflammatoires, prise ne charge rééducative, éventuellement infiltrations et fréquemment un test d’immobilisation par un corset. En dernier recours, en fonction de la gêne du patient et de sa tolérance à sa situation, pourra être décidé un traitement chirurgical.

Intervention pour spondylolisthesis (voie postérieure)

La découverte d’un spondylolisthésis ne doit pas conduire systématiquement à une intervention. Il est maintenant prouvé :
- que des patients peuvent être porteurs de spondylolisthésis sans n’avoir aucune douleur,
- que des patients peuvent souffrir de douleurs en rapport avec un spondylolisthésis et guérir avec le traitement médical. Il existe actuellement un accord pour proposer une intervention pour un spondylolisthésis à des patients souffrant de douleurs de membres inférieurs (sciatique ou cruralgies) et de douleurs du dos (lombalgies) malgré le traitement médical bien conduit ayant comporté rééducation, corset anti- inflammatoires, antalgiques, myorelaxants et éventuellement infiltrations. L’élément déterminant pour décider d’une intervention est la tolérance du patient à sa situation, on opère quand le patient a eu un traitement médical complet et « qu’il en a marre d’avoir mal ».

Un déplacement très important ou une aggravation progressive du déplacement notamment chez l’enfant peut imposer une intervention.

Il n’y a en règle pas d’urgence à opérer un spondylolisthésis en dehors de 3 situations exceptionnelles :

- Sciatique paralysante : entrainant la paralysie du pied.
- Syndrome de la queue de cheval : troubles pour uriner.
- Sciatique hyperalgique (restant très douloureuse malgré le traitement). Techniquement, un spondylolisthésis est toujours opérable mais on ne propose pas d’intervention quand on pense qu’il n’est pas responsable des douleurs du patient ou qu’il y a peu de chances de l’améliorer.

Radiographie d’un spondylolisthésis adulte

Buts et bénéfices escomptés

Le but est d’obtenir un soulagement de la sciatique et des douleurs des membres inférieurs. Les études récentes montrent que ces interventions permettent un bon résultat dans environ 80% des cas. Le résultat est souvent moins favorable sur les lombalgies (douleurs du dos) pour lesquelles il ne faut pas espérer un soulagement total. Ce sont souvent les douleurs du dos qui retardent la reprise du travail, surtout dans le cas d’une profession très physique.

L’intervention

Si le patient souffre de douleurs dans les jambes, le but est de « décoincer le nerf » sous anesthésie générale en allant par une incision dans le bas du dos, ouvrir le canal au milieu des vertèbres où passent les racines et grignoter les vertèbres pour libérer le sac et ses racines nerveuses, il s’agit de la libération (laminectomie). Il est très souvent nécessaire d’y ajouter une arthodèse, qui est la fusion de deux ou plusieurs vertèbres entre elles, pou éviter que les mouvements exagérés soient aussi une cause de compression neurologique. Pour réaliser la fusion, on utilise une greffe osseuse placée entre les vertèbres en cause, (sur les côtés de la vertèbre ou dans le disque), qui va, comme pour la consolidation d’une fracture, former un pont osseux entre les vertèbres, l’os utilisé pour la greffe étant prélevé localement ou sur la partie osseuse du bassin.

Pour immobiliser les segments, et en attendant la consolidation osseuse, il est souvent nécessaire de mettre en place du matériel métallique (en titane le plus souvent), vissé dans les vertèbres, appelé matériel d’osthéosynthèse ou instrumentation. Lorsqu’une greffe est réalisée dans le disque, la mise en place d’un implant en plastique (cage) peut être nécessaire. Si la vertèbre est très déplacée, l’instrumentation peut permettre de corriger le déplacement (réduction). Il est rarement nécessaire de corriger complètement le déplacement. La plaie est refermée en laissant en place un drainage par un tuyau en plastique relié à une bouteille aspirant le sang, qui sera enlevée 2 à 3 jours après l’intervention. La réalisation d’une deuxième intervention, par voie antérieure, pour compléter la greffe peut être nécessaire.

Arthrodèse avec vis et cages pour spondylolisthésis

Les suites de l’intervention

Le kinésithérapeute vous apprendra dès le lendemain ou le surlendemain la technique pour vous lever et vous pourrez le faire ensuite autant que vous le souhaiterez. Vous pourrez sortir environ 7 jours après l’intervention, lorsque vous arriverez à marcher, à rester debout le temps d’un repas, et à monter et descendre un escalier. Le chirurgien est le plus à même de vous donner des précisions sur les délais nécessaires avant de pouvoir vous asseoir et entreprendre des trajets automobiles. Un arrêt de travail de 3 mois minimum est à prévoir. Le port d’un corset pendant quelques semaines ou quelques mois peut s’imposer, notamment s’il n’a pas été réalisé d’instrumentation. L’intervention ne peut se réaliser sans aucune douleur, mais celles-ci sont en général bien maitrisées par les traitements analgésiques administrés après l’intervention. Le médecin anesthésiste est le plus à même de donner les informations utiles à ce propos.

Les risques propres à toute intervention chirurgicale

Hématome, infection peuvent rendre nécessaire une réintervention, problèmes anesthésiques (dont vous parlera le médecin anesthésiste qui doit être impérativement consulté avant l’intervention). Ces risques sont peu importants, bien contrôlés, mais ils ne sont pas nuls.

Les risques propres à cette intervention chirurgicale sur le rachis

Persistance de la sciatique, survenant si la compression a été trop longue ou trop sévère, entrainant une lésion de la racine, d’évolution variable, mais pouvant nécessiter la prise prolongée d’antalgiques. Rupture ou démontage du matériel d’ostéosynthèse, absence de consolidation de la greffe, peuvent rendre nécessaire une réintervention. Plaies des méninges (dure-mère), le plus souvent sans conséquence car suturée, mais pouvant entrainer des écoulements persistants de liquide, ou des kystes des méninges, peuvent conduire à un traitement médical à une réintervention. Complication digestives, retard à la réapparition des selles, exceptionnellement occlusion intestinale.

Des complications exceptionnelles

Une complication neurologique peut survenir : même s’il est exceptionnel, le risque de paralysie plus ou moins complète des membres inférieurs, ou de problèmes pour uriner, existe. Les troubles peuvent survenir au décours immédiat de l’intervention ou dans les jours qui suivent ; un hématome peut se développer et comprimer les nerfs, pouvant obliger à réopérer pour l’évacuer. Une lésion d’une racine nerveuse lors de l’implantation du matériel peut également être à l’origine de paralysie. Une hémorragie potentiellement grave peut survenir par plaie des vaisseaux situés dans l’abdomen devant le disque, une méningite (infection des méninges et du liquide céphalo-rachidien) et toutes les complications qui n’ont pas encore été décrites... Certains antécédents, certaines particularités, affection ou maladies (malformations, diabète, obésité, artérite ou autres affections vasculaires, alcoolisme, tabagisme, toxicomanies, comportements addictifs, affections psychiatriques, prise de certains médicaments, maladies du foie, maladies sanguines, tumeurs, séquelles d’interventions ou de traumatisme, etc...) peuvent causer ou favoriser la survenue de complications particulières, parfois graves, à l’extrême mortelles.


La SFCR a expressément autorisée la communication de cette fiche sur ce site pour parfaire l’information sur votre pathologie et le traitement proposé par le Chirurgien du Rachis de la Clinique Jules Verne.