On entend par tendinopathie calcifiante (ou « tendinite calcifiante »), la présence de dépôts calciques (hydroxy apatite) à l’intérieur d’un ou de tendon(s) de la coiffe des rotateurs, visibles sur des radiographies standard.
Radiographie standard d’une calcification
Épidémiologie
Les calcifications de la coiffe des rotateurs de l’épaule sont fréquentes (2,5 à 7%) des épaules. Celles-ci sont asymptomatiques dans la grande majorité des cas, et sont retrouvées majoritairement chez la femme entre 40 et 50 ans.
Toutefois, il est possible d’en retrouver à tout âge, et chez l’homme.
Histoire naturelle des calcifications
Il s’agit d’une pathologie bénigne, souvent asymptomatique évoluant naturellement vers la disparition et la guérison spontanée. Lorsqu’elles sont symptomatiques, leur évolution peut se faire de différentes façons :
la chronicisation, nécessitant le recours à un traitement médical et/ou chirurgical,
la guérison spontanée, progressive.
enfin, dans certains cas, peut survenir une crise « sur aiguë », extrêmement douloureuse, pouvant nécessiter le recours à des antalgiques puissants voire une hospitalisation. Ce type de crise est généralement lié à l’évacuation de produit calcique dans la bourse séreuse sous acromiale. Il n’est pas rare que cette crise corresponde en fait à la « guérison » d’une tendinopathie calcifciante, parfois jusque-là asymptomatique.
Jusqu’à ce jour, il n’existe pas d’élément expliquant le mode de survenue des calcifications, leur caractère symptomatique ou non. De même, il n’est pas possible de prévoir dans quel délai celle-ci pourrait guérir spontanément.
Présentation clinique
Les douleurs de tendinopathie calcifiante (en dehors des crises sur aiguës) sont relativement aspécifiques, et ne peuvent être distinguées cliniquement des autres autres tendinopathies. Toutefois, elles sont volontiers nocturnes, gênant les mobilités en particulier les rotations de l’épaule, et l’élévation latérale. Très souvent, il existe une raideur associée.
L’examen clinique est généralement identique à celui d’un conflit sous acromial classique, et seul un bilan d’imagerie complémentaire peut faire le diagnostic.
Bilan complémentaire
Un bilan radiographique est suffisant pour faire le diagnostic. D’autres investigations d’imagerie plus poussées sont inutiles, sauf lorsqu’une pathologie associée est recherchée. En cas d’évolution de la symptomatologie, en rythme ou en intensité, un nouveau bilan est nécessaire.
Radiographie standard d’une calcification
Les radiographies standard permettent de faire le diagnostic de tendinopathie calcifiante, de localiser l’emplacement et le type de la calcification et enfin d’analyser le morphotype de l’acromion (cf. Conflit sous acromial). Il existe en effet trois types de calcifications. Le type A est une calcification bien limitée ; le type B est bien limité, mais multiloculaire, le type C est nuageux, diffus, et mal limité. Cette classification n’a aucune valeur pronostique. Elle peut en revanche avoir un intérêt à un certain stade de la prise en charge thérapeutique.
Radiographie des 3 types de calcification
Traitement
La tendinopathie calcifiante est une pathologie bénigne, par conséquent le traitement est toujours médical dans un premier temps. Il s’agit d’un traitement symptomatique, et non curatif. Il n’existe pas de règles hygiéno diététiques particulières.
Le traitement repose sur la prise d’antalgiques, d’anti-inflammatoires, et de rééducation en cas de raideur associée.
Les ondes de choc peuvent être tentées, mais leur efficacité est limitée. En cas de douleurs importantes, ou résistantes au traitement médical, des infiltrations sous acromiales peuvent être envisagées. En cas d’échec ou de résultat insuffisant, se pose la question d’un traitement curateur, c’est à die de traiter directement la calcification. Il s’agit dès
lors de traitements invasifs. En cas de calcification bien limitée, une « trituration » peut être discutée. Il s’agit d’un traitement réalisé à l’aiguille, par le radiologue ou le rhumatologue, sous contrôle radiographique ou échographique. Une induration importante de la calcification peut être une cause d’échec. La dureté de la calcification n’est pas prévisible.
Trituration
Traitement chirurgical
Intervention chirurgicale par arthoscopie
Celui-ci est discuté lorsque la gêne est importante, résistante à au moins 6 mois de traitement médical bien conduit, ou lorsque la trituration n’est pas envisageable. Ce traitement n’est envisageable que sur une épaule souple. Le traitement consiste à aller repérer et exciser la calcification, sous contrôle visuel, par arthoscopie. Il s’agit d’une intervention chirurgicale.
Elle se déroule au bloc opératoire, sous anesthésie générale. Une anesthésie complémentaire de l’épaule, loco régionale, est également souvent associée et laissée en place dans les jours qui suivent l’intervention afin de limiter les douleurs post opératoires. En complément de l’exérèse de la calcification, une acromioplastie est généralement associée.
(cf. Conflit sous acromial)
Suites post - opératoires
Une écharpe coude au corps est mise en place pour une dizaine de jours.
Une auto rééducation est mise en place dès le lendemain de l’intervention, sous réserve que les douleurs le permettent.
Un traitement antalgique est à prendre de manière systématique les premiers jours compte tenu des douleurs post opératoires.
La récupération des amplitudes articulaires se fait par la suite progressivement, au besoin par des séances de rééducation chez le masseur kinésithérapeute si la récupération des amplitudes est difficile.
La période de convalescence peut être longue et durer au moins six mois.
Risques Complications
Les complications sont rares. La réalisation de la chirurgie de l’épaule sous arthroscopie a permis de réduire considérablement le taux d’infection, par rapport à la chirurgie dite à « ciel ouvert ». Ce taux est estimé à une infection pour 10000 arthroscopies. Le risque d’hématome post opératoire est quasi nul, le risque de phlébite du membre supérieur également.
En revanche le risque de survenue d’une algodystrophie (cf. Algodystrophie) est plus important que lors d’une chirurgie pour tendinopathie non calcifiante.
Conclusion
La tendinopathie calcifiante est une pathologie bénigne du tendon, souvent asymptomatique, dont l’évolution peut être prolongée, mais qui se fait généralement vers une guérison spontanée. Lorsqu’elle est handicapante, une prise en charge médicale, voire chirurgicale peut s’avérer nécessaire. Le traitement chirurgical est simple, peu invasif, mais expose à la survenue d’une algodystrophie de l’épaule.